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Île de Man(Royaume-Uni)Dépendance de la Couronne britannique |
Capitale: Douglas
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L'île de Man (588 km2), ou Ellan Vannin en mannois, est située en mer d'Irlande à égale distance entre l'île de l'Irlande et l'île de Grande-Bretagne (voir la carte). Juridiquement parlant, l'île de Man ne fait pas partie du Royaume-Uni, mais demeure sous la dépendance de la Couronne britannique.
Le drapeau de l’île de Man — dont le nom est: Ny Tree Casyn («les trois jambes») — est un peu particulier avec ses trois jambes. L’origine de ce drapeau est d’origine lointaine. Le dieu celte de la mer, Mananann dont l'île tire son nom, aurait, lors de l'invasion de l'île par les Vikings, dévalé une montagne en se métamorphosant en trois jambes et les aurait fait fuir.
La population de l'île est de 70 000 habitants, elle ne représente donc que 0,1 % de l'ensemble du Royaume-Uni (58,2 millions). Tous parlent l'anglais comme langue maternelle. Cependant, les Mannois parlaient à l'origine une(langue celtique) particulière: le mannois, une langue issue à la fois du gaélique irlandais et du norvégien.
Aucun des Mannois d'aujourd'hui n'a conservé le mannois comme langue maternelle, mais un peu plus de 600 personnes sauraient le lire et l'écrire et quelque 200 à 300 personnes pourraient s'exprimer oralement en mannois (comme langue seconde).
L'île de Man fut occupée à l'origine par les Celtes, puis par les Romains. À l'arrivée des Vikings norvégiens au VIIIe siècle, elle resta rattachée au royaume de Norvège et fut gouvernée par des rois scandinaves jusqu'à ce qu'elle soit vendue en 1266 aux Écossais par la traité de Perth. Elle passa définitivement sous la domination anglaise en 1346.
Cependant, l'île de Man a su conserver une certaine indépendance politique face à la Couronne anglaise, qui lui a accordé un statut particulier — un peu comme aux îles Anglo-Normandes. En effet, en 1866, le parlement de Westminster adopta la Loi des douanes et des ports de l'île de Man.
En vertu de cette loi, l'île de Man fut considérée comme un État dépendant de la Couronne anglaise et non du Royaume-Uni. Ce statut signifiait que l'île de Man pouvait adopter ses propres lois et les faire appliquer grâce à un système judiciaire particulier et à sa police locale; l'île pouvait aussi percevoir elle-même les impôts, taxes et douanes. Le Parlement local (le Tynwald Court), qui existe depuis plus de 1000 ans, semble être la plus vieille institution du genre dans le monde.
Ce statut d'autonomie de l'île de Man existe encore aujourd'hui. En effet, l'île dispose d'un parlement local, le Tynwald Court, composé de la "Maison des clefs" (the House of Keys) et du Conseil législatif (the Legislative Council), et présidé par un lieutenant-gouverneur nommé par le souverain d'Angleterre. Le gouvernement mannois n'est autorisé à s'occuper que des affaires intérieures de l'île et siège à Douglas, la capitale.
Le gouvernement du Royaume-Uni est, selon la tradition, responsable de la Défense et des Affaires extérieures de l'île. Le Parlement britannique peut, moyennant l'accord du gouvernement mannois, légiférer sur des domaines d'intérêt commun tels que la défense, la citoyenneté et l'immigration. En 1979, la Convention sur les douanes et les taxes (Customs and Excise Agreement 1979) réactivait la vieille loi de 1866 et reconnaissait de nouveau à l'île de Man le droit exclusif de prélever impôts, taxes et douanes. Étant donné que l'île de Man ne fais pas juridiquement partie du Royaume-Uni, elle n'est pas membre de l'Union européenne.
Bien qu'aucun des Mannois n'ait conservé le mannois comme langue maternelle — c'est une langue considérée comme éteinte depuis le XIXe siècle — il demeure encore la langue officielle du Parlement (ou Tynwald) en plus de l'anglais. Les lois adoptées au Parlement doivent être lues et promulguées en mannois et en anglais; de plus, toute pétition officielle adressée au gouvernement de l'île doit être présentée en mannois et en anglais. Le statut juridique de la langue mannoise est reconnu dans le règlement no 26 (ou Standing Order No. 26) du parlement du Tynwald.
Toute l'administration de l'île se déroule en anglais, mais il est possible de communiquer oralement avec l'administration en mannois lorsque les fonctionnaires (lesquels?) connaissent la langue. Personne ne peut exiger un procès en mannois, les cours de justice ne fonctionnant qu'en anglais.
Bien que le cadre général des programmes scolaires soit similaire à celui de la Grande-Bretagne, l'île de Man dispose de son propre Department of Education. Ainsi, dans les écoles primaires, la langue d'enseignement demeure l'anglais, mais le mannois est enseigné à partir de sept ans aux enfants dont les parents en ont exprimé le désir. Selon des sources gouvernementales, 30 % des élèvent comprendraient le mannois. Or, on compte seulement quatre établissements d'enseignement — sur 33 écoles pour toute l'île — qui dispensent à une centaine d'élèves des cours de mannois comme langue seconde. De façon plus réaliste, environ 600 personnes sauraient lire et écrire en mannois et seulement de 200 à 300 personnes pourraient s'exprimer oralement en mannois... en tant que langue seconde. De plus, le français est la langue étrangère obligatoire dans toutes les écoles de l'île.
Dans l'affichage, la visibilité du mannois est limitée à quelques plaques odonymiques bilingues (noms des rues) et à des noms d'édifices publics bilingues.
Du côté des médias, Manx Radio diffuse une heure de radio par semaine en mannois. Les journaux (Isle of Man Examiner, Courrier, Manx Independant, Business News) sont tous unilingues anglais. Les seules publications existantes sont les lois du parlement local et les livres scolaires destinés aux enfants des écoles primaires.
Enfin, le gouvernement encourage et finance une partie des activités de la Yn Cheshaght Ghailckagh, c'est-à-dire la Manx Gaelic Society (ou Société du gaélique mannois). Celle-ci désire préserver le mannois comme langue nationale de l'île, et diffuser la culture et la littérature gaélique. La Société du gaélique mannois informe aussi l'opinion publique sur les livres écrits en mannois, la musique et les chansons mannoises, et diffuse des messages destinés à encourager l'emploi du mannois à l'oral ainsi que son enseignement dans les écoles. Les résultats semblent plutôt décevants. La population paraît d'accord sur la promotion de ce bilinguisme symbolique, mais reste très réticente à toute forme de coercition à ce sujet.
Le gouvernement de l'île de Man pratique un bilinguisme fondé sur les droits personnels territorialisés, c'est-à-dire que ce droit ne vaut que pour l'île même. Dans ce cas précis, la langue mannoise est co-officielle avec l'anglais, la langue majoritaire du Royaume-Uni. Cependant, la politique linguistique de l'île consiste à promouvoir un bilinguisme strictement symbolique limité d'ailleurs à la législature, quelques inscriptions sur les édifices gouvernementaux et dans quelques écoles. Pour le reste, le mannois à l'île de Man demeure une curiosité historique, presque tout autant que le fameux "chat de l'île de Man", une race dont la caractéristique principale est l'absence de queue. Quant aux droits linguistiques, il vaut mieux ne pas en parler, car la question ne se pose même plus.