Alba / Scotland

L'Écosse

(Royaume-Uni)

Capitale: Édimbourg
Population: 5,5 millions
Langue officielle: anglais
Groupe majoritaire: anglais (98 %)
Groupes minoritaires: gaélique écossais (1,5 %)
Système politique: province administrative de la Grande-Bretagne
Articles constitutionnels (langue): aucun
Lois linguistiques: Loi écossaise de 1980 sur l'éducation (Education Scotland Act 1980); Loi sur la réglementation de la signalisation routière de 1984 (Road Traffic Regulations Act 1984); Loi sur la radiodiffusion (Broadcasting Act 1996); Loi sur les autorités locales d'Écosse (Local Government Scotland Act) de 1997; loi de 2000 sur la qualité des établissements scolaires d'Écosse (The Standards in Scotland's Schools Act 2000).

1 Présentation générale

L’Écosse (en écossais: Alba; en anglais: Scotland; en breton: Bro-Skos), l’une des trois provinces historiques de la Grande-Bretagne avec le pays de Galles (angl. Wales) et l’Angleterre (angl. England), occupe au nord le tiers de l’île de Grande-Bretagne (voir la carte 1). L’Écosse est bordée au nord par l'océan Atlantique, à l'est par la mer du Nord, au sud-est par l'Angleterre, au sud-ouest et à l'ouest par le canal du Nord et l'océan Atlantique. 

D'une superficie de 78 789 km² (soit à peu près la moitié de l'île de Grande-Bretagne), la région est formée de plusieurs unités administratives divisées en «conseils de district»: Western Islands, Highland, Shetland, Moray, Aberdeenshire, etc. (voir la carte 2).

En 1995, l’administration locale d’Écosse a été réorganisée en 29 unités administratives remplaçant le système de 1974 qui prévoyait neuf autorités régionales (divisées en 53 conseils de districts) et trois zones insulaires. Les trois conseils des îles (Western Islands, Shetland et South Ayrshire) ont été maintenus après 1995. 

Le 1er juillet 1999, la dévolution des pouvoirs a été officiellement opérée par le gouvernement du Royaume-Uni aux autorités régionales d'Écosse. À partir de ce moment, le Parlement écossais s'est vu confier les pouvoirs qu'avait alors l'Exécutif écossais, parmi lesquels la responsabilité du gaélique écossais et de l'écossais. La ville d’Édimbourg est la capitale de cette région de 5,5 millions d’habitants.

2 Données démolinguistiques

L’anglais est la langue maternelle de 98 % de la population écossaise. Il s’agit généralement d’un anglais teinté de l’accent écossais (le roulement des -r est caractéristique) et de certaines particularités lexicales. Les statistiques britanniques indiquent que 69 510 personnes âgées de trois ans et plus, soit 1,4 % de la population écossaise, sont capables de parler, lire et écrire en gaélique écossais. C’est une langue indo-européenne du groupe celtique, comme le gallois, le mannois, l'irlandais et aussi le breton (en France). Rappelons qu'au sein du Royaume-Uni on compte 58,2 millions d’habitants et que les quelque 70 000 locuteurs du gaélique écossais représentent une proportion bien infime de la population (0,12 %).

Les plus grandes concentrations d’Écossais celtophones habitent au nord-ouest, c’est-à-dire dans les Western Islands (ou les Hébrides), les Highlands, la région de Strathclyde et d’Édimbourg, la capitale (voir la carte 2). Quoi qu’il en soit, ils sont partout minoritaires, sauf dans quelques municipalités des Western Islands. Les autres locuteurs celtophones sont dispersés dans l’ensemble du territoire. 

Au cours des années, 1956-1960, des sondages effectués parmi des enfants en âge scolaire de la communauté gaélique de Harris avaient répertorié 356 enfants (93,7 %) parlant gaélique, sur un total de 380. Une étude du même genre réalisée en 1972-1973 avait inventorié 190 enfants parlant gaélique (66,7 %) sur un total de 285. En l'espace d'une quinzaine d'années, le pourcentage des personnes parlant le gaélique a donc beaucoup diminué. Un sondage réalisé dans les Hébrides et l'île de Skye en 1986-1988 semble montrer un schéma relativement similaire. Quant aux données issues des recensements de 1971, de 1981 et de 1991, elles ont révélé des résultats comparables sur la distribution par âge et par région des personnes parlant gaélique. Parmi les enfants en âge préscolaire et scolaire (de 3 à 15 ans) dans les Hébrides, les nombres et pourcentages d'enfants parlant gaélique sont restés constants de 1971 (67,4 %) à 1981 (67,8 %), mais en 1991 ce nombre a chuté 49,5 % (2573 personnes) du groupe d'âge. Quoi qu'il en soit, les statistiques britanniques de 1991 indiquent que 69 510 personnes âgées de trois ans et plus, soit 1,4 % de la population écossaise, sont capables de parler, lire et écrire en gaélique écossais. 

Quant aux Écossais anglophones, ils vivent dans une proportion de 75 % dans les Central Lowlands, c’est-à-dire dans la partie sud de l’Écosse (voir la carte 2). Dans les grands centres, notamment à Glascow et à Édimbourg, on retrouve des minorités ethniques originaires de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh ou de la Chine; elles parlent le pendjabi, l’hindi, l’ourdou, le gudjarati, le bengali, le cantonnais ou le chinois hakka.

3 Données historiques

Les Celtes se sont installés en Écosse dès le VIe siècle avant notre ère. Ils parlaient le gaélique irlandais qui a donné naissance au gaélique écossais au Moyen Âge. Encore au XIIe siècle, l'Écosse entière parlait le gaélique irlandais. Après une longue période florissante, la monarchie écossaise périclita au XIVe siècle pour être assujettie au pouvoir anglais. Dès lors, le gaélique écossais, qui avait progressivement remplacé le gaélique irlandais, se mit à décliner et, à partir du début du XVIIIe siècle, il a été définitivement refoulé par l'anglais qui avait l’avantage, entre autres, de posséder par rapport au gaélique écossais une littérature abondante et une Bible traduite en cette langue. 

3.1 Le traité d'Union

Le traité d'Union de 1707 créant le Royaume-Uni de Grande-Bretagne a scellé le rattachement de l'Écosse à la Couronne d'Angleterre et le Parlement écossais d’Édimbourg a alors cessé d'exister. Les parlementaires d’Écosse obtinrent le droit de siéger au Parlement anglais... en anglais. Dès lors, dse nombreuses lois du Parlement britannique ont favorisé l'enseignement en anglais dans les écoles d'Écosse, tout d'abord parmi les membres de l'aristocratie, puis parmi la population générale, de telle sorte que les Écossais instruits adoptent la langue anglaise. L'Angleterre réussit ainsi briser les clans et à mettre hors-la-loi les costumes et la musique des Highlands, notamment après la défaite des Jacobites à Culloden en 1745.

L’Angleterre devint la région dominante dans tout le pays et le gaélique d’Écosse, à l’instar du gallois au pays de Galles, fut bientôt submergé par l’anglais au point où il en résulta une sorte de mélange des deux langues pour produire un «anglais écossais» fortement particularisé dans la prononciation et le vocabulaire. AU XIXe siècle, les Écossais tentèrent de mettre en place un système volontaire d'écoles gaéliques, lequel connut un certain succès. Il fut remplacé, en 1872, par un système national d'écoles en anglais, qui accordait peu de place au gaélique. Après la guerre des Petits Fermiers («Crofters' War»), la Loi sur les petits fermiers (Crofters' Act 1886) accorda la sécurité aux fermiers, lesquels sont restés le principal rempart de la survie du gaélique écossais.

3.2 Une tiède reconnaissance

Mais la reconnaissance du gaélique ne survint que tardivement en 1911, lors de l'adoption de la Loi écossaise sur les petits propriétaires terriers (la Small Landholders Scotland Act 1911). En vertu de cette loi, un membre au moins du Tribunal foncier d'Écosse (SLC: «Scottish Land Court») devait être de langue gaélique. La loi de 1911 impliquait que le gaélique pouvait être utilisé devant la Scottish Land Court, mais aucune loi ne fut rédigée dans cette langue. Une loi écossaise de 1993 relative aux petits exploitants agricoles imposera la même condition à la Commission des petits exploitants. 

Au cours du XXe siècle, les Écossais devinrent massivement bilingues, avant de devenir définitivement anglophones. Aujourd'hui, les communautés qui font encore usage du gaélique ont un comportement typiquement diglossique. Du fait de la migration, de nombreuses personnes parlant gaélique ont quitté la «région traditionnellement gaélique» des Highlands et des îles. D'après le recensement de 1991, la région traditionnellement gaélique des Highlands et des Hébrides (le Gaidhealtachd) ne comptait que 58 % des personnes parlant gaélique en Écosse. 

3.3 La dévolution des pouvoirs de 2000

La situation telle qu’on la connaissait est maintenant modifiée. En effet, suite au référendum du 11 septembre 1997 et à l’adoption de la Loi sur les autorités locales d'Écosse (Local Government Scotland Act 1997), le gouvernement de Sa Majesté a décidé d’accorder à l’Écosse la dévolution et de restaurer par conséquent le parlement d’Édimbourg aboli depuis 1707. Les Écossais ont voté massivement pour la restauration de leur parlement dans une proportion de 74,3 %. Les élections pour élire les 129 membres du nouveau Parlement écossais sont prévues pour le printemps de 1999 de telle sorte que le Parlement soit fonctionnel en janvier de l’an 2000. Cependant, le parlement du Royaume-Uni demeure le seul souverain, la reine continuant d’être le chef de l'État, et l’Écosse fait encore partie intégrante du Royaume-Uni.

De toute façon, le Parlement écossais dispose d’un pouvoir politique assez limité, même s’il peut légiférer et lever des impôts. À l’exemple des législatures de l’Irlande du Nord et du pays de Galles, sans compter celles de l'île de Man et des îles Anglo-Normandes, le parlement d’Édimbourg est autorisé à s'occuper des affaires intérieures de l’Écosse: la justice et le droit pénal, l’éducation, les arts et la culture, les sports, le logement, la santé, le tourisme, l’environnement, les pêches et l’agriculture. Le Parlement britannique se réserve les affaires constitutionnelles, les finances nationales, la politique étrangère, la défense, la sécurité sociale, les assurances, la protection du consommateur et la citoyenneté. 

Il reste à voir comment se développera dans les prochaines années le rapport de forces entre le Parlement britannique et l’Exécutif écossais qui devra représenter les intérêts de l’Écosse au sein du gouvernement du Royaume-Uni. Pour les nationalistes écossais, la nouvelle structure politique est encore trop tiède, alors qu’aux yeux des conservateurs anglais c’est le premier pas vers l’éclatement du pays. Certes, la dévolution écossaise sonne le glas du centralisme politique britannique et le Royaume-Uni risque de découvrir bientôt les grandeurs et les misères d'un gouvernement asymétrique. Si, dans le pire des cas, Londres ne réussit pas à s’y adapter, les Écossais seraient bien capables, un jour, de réclamer d’avantage... par exemple leur autonomie complète! C’est sûrement une histoire à suivre!

4 Le statut juridique de l’écossais

Le statut juridique du gaélique écossais semble plutôt vague. Comme il n'y a pas de constitution au Royaume-Uni, il faut se rabattre sur d'autres textes juridiques pour connaître le statut de l'écossais ou du gaélique écossais. Selon l'article 1 figurant en annexe 1 de la Loi sur la nationalité britannique (British Nationality Act) de 1981, tout individu qui demande la citoyenneté britannique doit démontrer une connaissance suffisante de l'anglais, du gallois ou du gaélique écossais. Ce texte ne signifie pas que l'anglais, le gallois et le gaélique écossais sont des langues reconnues comme officielles dans l'une ou l'autre partie du Royaume-Uni, mais simplement que le gallois et le gaélique écossais sont des langues «ethniques», c'est-à-dire officiellement tolérées.

Rappelons également la Loi écossaise sur les petits propriétaires terriers de 1911 (la Small Landholders Scotland Act 1911) qui précise qu'au moins un membre du Tribunal foncier d'Écosse (SLC: «Scottish Land Court») devait être de langue gaélique. La loi de 1911 impliquait que le gaélique pouvait être utilisé devant le Tribunal foncier d'écosse. Une loi écossaise de 1993 relative aux petits exploitants agricoles imposera la même condition à la Commission des petits exploitants. Jusqu'ici, c'est peu comme reconnaissance officielle!

Heureusement, l’adoption en 1997 de la Loi sur les autorités locales d'Écosse (Local Government Scotland Act 1997) accorde au parlement écossais la responsabilité du gaélique écossais. Le statut juridique de la langue gaélique écossaise est, dans les faits, le même que celui du gallois au pays de Galles: une «langue protégée».  

Par l'intermédiaire du secrétaire d'État à l'Écosse (Scottish Office), le gouvernement britannique a souvent fait une série de déclarations soutenant le gaélique (en 1985, 1986 et 1993). Cependant, à ce jour, aucune politique nationale globale n'a été réalisée pour le gaélique. Au Royaume-Uni, les affaires écossaises sont gérées par un ministère d'État britannique à la tête duquel se trouve le ministre délégué à l'Écosse. En Écosse même, c’est le Scottish Office qui est responsable des affaires intérieures, mais c’est le Parlement britannique qui a toujours déterminé le cadre administratif de l’Écosse. Ainsi, le secrétaire d'État britannique délègue ses pouvoirs exercés par le Scottish Office, notamment au Scottish Office Development Department, qui dirige les affaires générales du gouvernement local, incluant les finances, les transports, le logement et le développement des villes et des régions. Quant au Scottish Office Education and Industry Department, il est responsable de l’éducation, des loisirs, des affaires économiques et industrielles, ainsi que du tourisme. Enfin, le Scottish Office Home Department s’occupe de la police, des incendies, des services sociaux et des élections.

D'après l'article 23 de la loi écossaise sur l'héritage national, l'Exécutif écossais apporte un soutien financier à plusieurs organisations engagées dans la promotion de la langue et de la culture gaéliques. Le Comunn na Gaidhlig (l'ancien Conseil des îles occidentales), l'actuel organisme responsable du développement du gaélique, a été créé en 1984 afin de promouvoir et développer la langue et la culture gaéliques. Il est le principal organisme consultatif et exécutif concernant le gaélique écossais et s'est fixé comme objectif la promotion de cette langue dans tous les domaines, c'est-à-dire aux plans national et régional ou local, ainsi que le développement et la gestion des projets liés à cette problématique.

D'un strict point de vue juridique, le ministère des Affaires écossaises estime qu'une loi relative à la langue gaélique sur le modèle gallois n'est pas nécessaire, du fait que que le gaélique n'a jamais été interdit par la loi, comme ce fut le cas, par exemple, du gallois en vertu des lois de 1536 et de 1542.

5 La politique linguistique

La politique linguistiue relative à l'Écosse est définie dans les documents suivants: la Loi écossaise de 1980 sur l'éducation (Education Scotland Act 1980), la Loi sur la réglementation de la signalisation routière de 1984 (Road Traffic Regulations Act 1984), la Loi sur la radiodiffusion (Broadcasting Act 1996), la Loi sur les autorités locales d'Écosse (Local Government Scotland Act) de 1997, la loi de 2000 sur la qualité des établissements scolaires d'Écosse (The Standards in Scotland's Schools Act 2000). 

En 1975, la politique linguistique du Scottish Office consistait à promouvoir le bilinguisme en proclamant symboliquement le gaélique écossais comme langue officielle dans les écoles et l’administration locale. Le problème est que le Scottish Office ne possédait pas les moyens de sa politique. 

5.1 La langue de la législation et de la justice

Le gaélique écossais ne dispose d’aucun droit reconnu par le Parlement britannique, mais il peut paraître plus surprenant qu'il n'en possède pas davantage au Parlement écossais d'Édimbourg. La situation est éventuellement certainement appelée à changer, mais pour le moment seul l'anglais est juridiquement reconnu. 

Dans les cours de justice de l'Écosse, l'usage du gaélique n'est tout simplement pas permis par les tribunaux britanniques. En 1982, l'affaire Taylor c. Haughney avait fait référence au statut du gaélique écossais et, en appel, la Haute Cour de Londres s'était prononcée contre un droit général d'utiliser le gaélique dans les débats des tribunaux. Pourtant, d'après les réponses officielles du ministère des Affaires écossaises en 1969 et 1970, tout ce qui est dit ou écrit en gaélique devrait avoir une égale validité avec l'anglais. 

Depuis la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires ou régionales, le gouvernement du Royaume-Uni s'est engagé à permettre, dans les procédures civiles, la production de documents et de preuves en gaélique écossais; si cela semble nécessaire, il est prévu d'avoir recours à des interprètes et à des traductions. D'ailleurs, l'usage du gaélique écossais devant les tribunaux civils est prévue à Lochmaddy, Portree et Stornoway, qui couvrent les îles occidentales (Western Islands) et l'île de Skye, régions où plus de 40 % de la population était de langue galloise lors du recensement de 1991. Des brochures d'information peuvent être obtenues au greffe du tribunal et les avocats locaux ont été informés de cette disposition.

5.2 L'éducation

Depuis 1918, les lois relatives à l'enseignement ont permis d'organiser un certain enseignement du gaélique dans les régions où l'on parle le gaélique, mais le développement a été très lent jusqu'à ce que le gaélique écossais devienne la première langue d'enseignement dans les Highlands (régions de l'Inverness-shire et du Ross-shire) à partir de 1958. En 1975, les autorités éducatives responsables de l'éducation dans les Hébrides (Western Islands) ont introduit l'enseignement primaire bilingue, suivie de près par la région des Highlands (à Skye). L'enseignement primaire en gaélique a commencé avec deux écoles en 1985.

Avec les règlements de 1986 sur les subventions à l’instruction en langue gaélique, le Département de l’éducation du Scottish Office s’engageait à accorder des sommes importantes aux conseils de district qui favoriseraient des projets éducatifs en gaélique. Lentement, l’instruction en gaélique écossais s’est développée au sein de certaines écoles primaires, notamment dans les Western Islands, les Highlands, les régions de Strathclyde, d’Édimbourg et d’Aberdeen. L’objectif était d’enseigner le gaélique écossais comme langue seconde.

D'après la loi écossaise de 1980 sur l'éducation (Education Scotland Act), les autorités éducatives ont l'obligation d'assurer un enseignement scolaire et supérieur approprié et efficace; ces deux enseignements ont le gaélique pour matière dans les régions où cette langue est parlée. Les autorités sont aussi responsables des écoles maternelles et de la scolarisation dans ces écoles, où l'enseignement du gaélique est proposé. D'après la loi de 2000 sur la qualité des établissements scolaires d'Écosse (Standards in Scotland's Schools Act 2000), les autorités éducatives doivent rendre compte de leurs programmes en matière d'enseignement du gaélique dans leur Rapport annuel sur les objectifs d'amélioration. L'enseignement en gaélique a été incorporé dans le cadre des «Priorités nationales» sous le titre suivant: «Promouvoir l'égalité et aider chaque élève à tirer profit de l'enseignement, en veillant particulièrement au… gaélique et à d'autres langues moins usitées» («To promote equality and help every pupil benefit from education, with particular regard paid to … Gaelic and other lesser used languages»). Les orientations nationales relatives à l'éducation des élèves âgés de 5 à 14 ans recommandent l'introduction de la littérature écossaise dans les programmes ainsi que l'enseignement d'une connaissance et d'une maîtrise correctes de la langue. Le Conseil consultatif écossais (Scottish Consultative Council) élabore le matériel pédagogique nécessaire par cette politique.

La situation actuelle crée l’impression que la langue écossaise est encore confinée dans un dispositif éducatif rudimentaire. En effet, l'enseignement préscolaire d'Ecosse accueille actuellement 403 élèves dans 36 écoles maternelles gaélisantes. La plupart d'entre celles-ci sont liées à une école primaire dotée d'une section gaélique. Il existe une école primaire spécifiquement gaélique à Glasgow, et quelque 60 écoles primaires utilisent le gaélique écossais comme langue d'enseignement pour moins de 2000 élèves qui, de toute façon, doivent apprendre l'anglais; par ailleurs, près de 3800 élèves étudient l'écossais comme langue seconde. En fin de primaire, chaque élève est théoriquement capable de parler, lire et écrire dans cette langue.

Au secondaire, l'enseignement du gaélique écossais est plus limité: seulement 1300 enfants répartis dans une quarantaine d'écoles apprennent volontairement cette langue comme matière d'enseignement. En somme, si l’on se référait à la population totale de l’Écosse (5,5 millions d’habitants), on pourrait affirmer que les droits linguistiques des Écossais de langue gaélique ne sont accordés qu'au compte-gouttes. Un fait demeure: les Écossais parlent l’anglais dans une proportion de 98,6 %. Plutôt que le gaélique, il leur semble préférable d’apprendre comme langue seconde une langue étrangère moderne comme le français, l’allemand ou l’espagnol. Notons toutefois que le Gaelic College on Skye (le Sabhal Mor Ostaig) dispense des cours à temps partiel et à plein temps à des adultes désirant apprendre le gaélique écossais. Cet établissement universitaire veut ainsi contribuer à la promotion et à la vitalité de la langue écossaise dans la péninsule de Sleat.

En outre, l’administration écossaise a récemment renouvelé son engagement à promouvoir la langue et la culture gaélique. Son premier objectif est de renforcer l'instruction en écossais et d’améliorer la qualité de son enseignement. En avril 1996, sur la recommandation du Scottish Office, le secrétaire d'État britannique annonçait des mesures pour améliorer la qualité de l’enseignement en gaélique:

- un nouveau centre national de ressources pour améliorer le matériel pédagogique en gaélique;
- de nouveaux cours en gaélique «de niveau moyen» pour les élèves du secondaire;
- une augmentation de 10 % des subventions gouvernementales pour l’éducation en gaélique;
- un accroissement des ressources pédagogiques aux professeurs enseignant le gaélique.

Dans les autres niveaux d'enseignement, le collège Sabhal Mor Ostaig, qui enseigne en gaélique, organise depuis 1984 des cours sanctionnés par des diplômes SCOTVEC dans les études commerciales, informatiques, et, plus récemment, dans la formation en télévision. 

Dans les études supérieures, trois universités (celles d'Aberdeen, d'Edimbourg et de Glasgow) ont des départements d'études celtiques accueillant des étudiants de premier et de deuxième cycles. Certains de ces cours sont donnés en gaélique, mais il n'y a pas d'autres formations universitaires en gaélique. C'est le Northern College, à Aberdeen, et le campus Jordanhill de l'Université de Strathclyde (Glasgow), qui assurent la formation des professeurs de gaélique.

5.3 L'Administration

En ce qui a trait à la langue de l’Administration, second volet de la politique linguistique du Scottish Office, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. En 1982, le Conseil des îles de l'Ouest (ou Western Islands) avait préparé un premier projet de politique linguistique. Depuis, le gaélique a acquis un statut dont il ne jouissait pas auparavant et son emploi a été autorisé dans les réunions du Conseil des îles grâce à la traduction simultanée. Cependant, l'usage du gaélique de la part des conseils régionaux et des conseils de district reste encore limité. Le gaélique écossais n'est pas du tout généralisé, même dans les régions considérées comme des bastions du gaélique – les Western Islands et les Highlands – et seulement quelques municipalités utilisent le bilinguisme dans leurs services administratifs auprès du public. Des formulaires bilingues apparaissent ici et là. 

Dans la plupart des régions d’Écosse, le gaélique est encore inexistant dans l’administration publique. Chez les fonctionnaires de Sa Majesté, la question ne se pose même pas, ils demeurent uniligues anglais.

Il y a quelques années, le gouvernement britannique, par la voix de la North West Authority, a émis une directive permettant le bilinguisme gaélique-anglais dans les INSCRIPTIONS identifiant les édifices gouvernementaux dans les munipalités de l'Écosse. À la demande du Scottish Office, le gouvernement britannique a également autorisé le bilinguisme sur les panneaux de signalisation routière. Quelques affiches bilingues sont apparues dans les îles du Nord-Ouest les( Western Islands) ainsi que dans les Highlands, notamment dans la zone de Skye et de Lochalsh. Aux Hébrides, la politique officielle consiste à utiliser les deux langues à importance égale, sauf sur les panneaux routiers qui sont uniquement en gaélique. Dans l'île de Skye, les panneaux routiers sont bilingues (gaélique-anglais). Ailleurs, les panneaux de noms de lieux et de rues sont généralement en anglais et en gaélique écossais. Toutefois, le gaélique écossais ne joue aucun rôle au sein du gouvernement britannique si ce n'est par la présence d’une plaque sur un seul bâtiment de Sa Majesté. D'après l'article 12,4 de la réglementation de 1981 sur la signalisation routière et les panneaux indicateurs, adoptée sous la loi de 1984 sur la signalisation routière, les ministres écossais peuvent autoriser la signalisation bilingue.

La loi de 1997 sur l'administration locale (Local Government Gaelic Names Scotland Act) permet aux autorités locales d'adopter un nom gaélique. Le Comhairle nan Eilean Siar (CNES) a ainsi modifié son nom (anciennement Conseil des îles occidentales) depuis 1998. Le CNES et le Conseil des Highlands sont les autorités locales des principales régions traditionnellement gaéliques. 

La législation écossaise n'interdit pas l'«usage sérieux» des patronymes en gaélique. Certaines personnes ont donc légalement adopté la forme originale ou gaélique de leur nom pour toutes les fins officielles. Ce genre de décision demeure toutefois très rare. Par contre, des prénoms gaéliques sont désormais fréquemment déclarés à la naissance. Depuis 1972, les chèques peuvent être rédigés et signés en gaélique écossais.

5.4 Les médias et la vie économique

Du côté des médias, la situation semble un peu plus favorable, si l’on tient compte du nombre peu élevé de locuteurs celtophones. Ces derniers temps, l'usage du gaélique a beaucoup évolué dans les médias. La Loi sur la radiodiffusion de 1990 prévoyait des fonds publics destinés à la radio et la télévision en gaélique; le gouvernement britannique a même augmenté ces budgets depuis 1992. La loi de 1990, qui devait entrer en vigueur le 1er avril 1997, a donné quelques résultats. Actuellement, la BBC-Radio nan Gaidheal diffuse régulièrement des émissions radiophoniques en gaélique et la BBC ainsi que l’ITV diffusent des émissions télévisées en raison de 300 heures par année. De plus, des petites entreprises telles que Grampian TV et la Scottish Television produisent et diffusent des séries télévisées.

Dans les médias écrits, on ne compte qu’une seule revue en langue écossaise (Algunes). Certains journaux écossais publient une colonne ou une page en gaélique: Stornoway Gazette, Inverness Courrier, Oban Times, Press and Journal, West Highland Free Press. Il existe aussi une multitude de journaux locaux distribués dans des petites zones et dans des îles isolées, et plusieurs d'entre eux publient des articles en gaélique écossais. Bref, rien qui soit exclusivement en langue écossaise.

Dans la vie économique, le gaélique écossais ne pèse pas lourd. Cependant, la connaissance de cette langue devient lentement un avantage dans certains emplois, tant publics que privés, notamment dans les Hébrides, dans l'île de Skye et dans l'ouest des Highlands. Il semble que les secteurs des médias et de l'éducation soient particulièrement touché, et le nombre total de ces emplois atteint plusieurs centaines. 

Il n'y a pas de restrictions concernant l'usage du gaélique dans l'étiquetage commercial, mais il n'existe pas davantage d'exigences officielles à cet égard. Si l'on fait exception de deux marques de whisky, jamais une entreprise commerciale n'a osé étiqueter ses produits en gaélique. 

 

Le gaélique écossais ne jouit pas encore d’un statut des plus enviables. Compte tenu qu’il n’y avait rien auparavant, on peut affirmer, il est vrai, que la situation s’est grandement améliorée. C’est, du moins, le point de vue des responsables du Scottish Office. On doit reconnaître que, depuis deux ou trois décennies, le nationalisme a grandi en Écosse, la région vit aujourd'hui «un accès de fièvre indépendantiste» que les médias mesurent régulièrement. Cependant, ce nationalisme ne s’est pas encore manifesté concrètement par des revendications linguistiques. À part les beaux discours des représentants du Scottish Office, leurs campagnes de promotion et leurs grands sentiments axés sur la survie du gaélique, les Écossais continuent de vivre en anglais. Or, tant que les locuteurs du gaélique n’auront pas atteint leur masse critique, la promotion du bilinguisme demeurera strictement symbolique. De toute façon, on ne voit pas comment à court terme le gaélique écossais pourrait surclasser l’anglais.

Il est vrai que les lois et les pratiques linguistiques britanniques n’ont pas toujours été très généreuses à l'égard des minorités nationales (galloise, écossaise et irlandaise) du pays. La politique linguistique du Royaume-Uni actuel est le résultat d'une longue tradition de répression exercée par l'Angleterre à l'égard des voisins dont elle a conquis les territoires et assimilé toutes les langues (gallois, gaélique écossais, irlandais, mannois, anglo-normand). Maintenant que les langues nationales minoritaires ne peuvent plus constituer un danger pour l’anglais parce que leur survie est devenue précaire, le gouvernement de Sa Majesté peut se payer le luxe de la générosité en accordant une autonomie politique réduite aux Écossais, aux Gallois et au Irlandais, qui pourront dorénavant tenter de restaurer leur langue ancestrale.

Certes, les réformes du Royaume-Uni étaient nécessaires, mais elles semblent arriver trop tard. L’assimilation est devenue une issue incontournable pour les minorités nationales du Royaume-Uni. Plus rien n’empêchera la très grande majorité des Écossais, des Gallois et des Irlandais (sans parler des Mannois et des Anglo-Normands) de continuer à faire usage de l’anglais dans leur vie quotidienne, à leur travail ou à l’école. Peu importe les subventions gouvernementales de Sa Majesté, les directives de l’Union européenne, la restauration des gouvernements régionaux ou les campagnes de promotion linguistique, l’imaginaire collectif de toutes les minorités continuera de s’exprimer en anglais. Le gallois, le gaélique écossais et l’irlandais risquent de demeurer des «langues de décoration» qu’on emploiera dans les lois, les noms de rue, les menus de restaurant, etc., mais pas dans la vraie vie. Ces langues ont plus de chance de demeurer des symboles de l’identité collective des sujets «autochtones» de Sa Majesté que de devenir des instruments de communication généralisés dans la vie quotidienne. 

II est vrai que le gouvernement britannique a fini enfin par signer (au 2 mars 2000) et ratifier (au 27 mars 2001) la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992. Sans ces réformes à l’égard de ses minorités historiques, le Royaume-Uni ne pourrait que difficilement adhérer à cette «Europe des peuples» dont il fait malgré tout partie. Les autorités britanniques se sont depuis engagées à reconnaître officiellement le gaélique écossais dans l'administration publique locale, d'utiliser cette langue dans les affaires, le commerce et les services publics (surtout dans l'étiquetage, les panneaux de signalisation et les avis publics) et d'effectuer des recherches et des enquêtes sur l'usage de la langue gaélique. 

 

Le Royaume-Uni

 

L'Angleterre

Le pays de Galles

L'Irlande du Nord

Île de Man

Les îles Anglo-Normandes

Bibliographie

Précédent

Gallerie

Editeur